Né en 1939 à Salon de Provence, Pierre Cayol rencontre Marcel Féguide en 1956 et fait ses armes en peinture aux Arts Décoratifs de Grenoble. Il complètera sa formation par des cours d’esthétique aux Arts appliqués de Paris avant de suivre, dans la capitale, les cours des Beaux -Arts et de l’Académie Julian.
Chez Cayol, le dessin est la pierre angulaire d’une œuvre graphique qui démultiplie et hybride les techniques d’expression et les supports. Peindre est une manière de danser le monde, d’entrer en résonnance avec ses rythmes, d’ancrer ses formes dans l’espace, d’enraciner l’empire des signes. Le sable, sur la palette de l’artiste, se mêle à la peinture et le pinceau qui prolonge la main, laisse son empreinte sur le grain de peau de la Terre Mère.
Ami de la poésie et des vibrations subtiles, Pierre Cayol, en plus de son œuvre peint, collabore à des livres d’artistes et signe des gravures, pour illustrer l’univers de ses amis poètes. Peindre pour lui est en soi, un poème. Il s’agit tout ensemble de transcrire et d’inscrire un rêve dans l’espace-temps suspendu de la toile, d’y transmettre une vision, de faire un geste sacré.
Passionné par la culture amérindienne dont il s’imprègne lors de longs séjours chez les peuples Navajo, Apaches Hopi et Pueblo, Pierre Cayol est un voyageur entre-deux mondes. Son œuvre nourrie de déplacements du regard, de superpositions d’impressions, d’écritures palimpsestes, déroule toile après toile, un fil d’Ariane qui guide et saisit le regard dans un dédale de lignes de failles.
Invitant à la traversée du miroir, levant le voile des apparences, le peintre révèle la matière changeante et mutable du monde. Les paysages respirent et se déchirent comme les corps. Et selon les lois de l’analogie, les corps reposent dans le lit du tableau, lascifs, dans le drap d’un berceau originel.
Peintre de l’au-delà des frontières, Cayol signe une œuvre dont le rayonnement outrepasse les celles de l’Hexagone (Suisse, Italie, Etats-Unis, Japon, Corée….).
Pierre Cayol intègre à sa démarche picturale des matériaux formels divers qu’il transfigure. Il glisse incorpore à ses toiles une mosaïque de matières hétéroclites, humbles qui évoquent l’art pauvre: des pans de tapisserie, du sable, des plumes, des papiers de bonbons, de la terre dont la force suggestive et évocatrice souligne le caractère de compositions dans lesquelles ces extraits de réalité font signe. L’œuvre s’enracine dans l’impression des choses.
La verticalité, l’horizontalité nette des plans qu’il travaille comme s’il dépeçait l’espace, rythment une œuvre dont l’austérité apparente abrite une grande douceur, enclot un espace serein, calme et tranquille….
L’univers de Cayol, marqué par une tension spirituelle, une dénudation des apparences, offre une synthèse culturelle issue de sa fréquentation des tribus améridiennes et de sa culture occidentale. Citoyen du cosmos, son œuvre réfléchit une trame de signes alchimiques, de symboles indiens, de références mythologiques et spirituelles, une véritable cosmographie enchâssée dans des constructions géométriques.